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Deux documents
dimanche 30 avril 2006
A votre intention j’ai porté deux documents sonores. L’un qui illustre l’usage qui est fait dans ma chorale, par des Taupins et Kâgneux blancs, des Negro spirituals, d’après la méthode primitive des esclaves noirs. Le deuxième regroupe des moments d’authentiques offices noirs du dimanche des Rameaux 1979, à Harlem dans une église pentecôtiste, puis à Memphis, dans une église baptiste "comme il faut", enfin, cet extraordinaire "office de l’aurore" qui, à 6 heures du matin, au bord du Mississipi, réunissait dans un immense palais des congrès, 8.000 participants noirs de tous âges pour chanter la gloire de Dieu et la présence du Ressuscité. Je souhaite que vous puissiez en entendre une bonne partie. Merci à nos magnétophones et aux techniciens qui en ont la charge. Avouons, pourtant que ces précieux engins ne sont qu’un pis-aller : rien ne remplace parfaitement - n’est-il pas vrai ? - la présence réelle.
Cassette n° 1
Avant le début de l’office, une dizaine de pénitents des deux sexes sont à genoux (attitude rare chez des protestants) à une sorte de table de communion. Leur prière personnelle, en ligne directe avec l’Esprit-Saint, donne lieu à de fort sonores témoignages, supplications, actions de grâces, ponctués d’applaudissements personnels, d’incantations individuelles, sans se gêner ni se prêter attention le moins du monde. Cependant, les bancs se garnissent progressivement d’hommes, de femmes, de quelques jeunes et d’enfants tous fort soigneusement endimanchés.
Enfin, voici que commence l’office. Les choristes, vêtus de toges violettes et or pénètrent en chantant dans la nef de ce qui ressemble plus à un théâtre qu’à une église ; d’un pas lent et rythmé, ils gagnent leurs stalles sur l’estrade, derrière les officiants, face à l’assemblée.
Moment musical
Succéderont invocations et répons, cantiques collectifs, méditations individuelles confiés à une communauté qui manifeste son soutien par des "amen" "hallelujahs" louanges au Seigneur qui éclatent, aussi bien que par des battements de mains. La voix des uns et des autres frappe par son intensité, son volume, sa volubilité, tout aussi étonnante que l’aisance de l’expression et la fertilité de l’imagination. Elle étonne aussi par une certaine qualité semi-musicale, un certain ton, qui la situe au-dessus de la simple parole mais au-dessous du chant et même de la psalmodie. Ce mode proprement religieux semble réservé aux saints-lieux et aux entretiens avec le Très-Haut. Ecoutez un peu :
Cassette n° 2 : "Let my people go"
Petite erreur de cassette : il s’agit là d’un concert de la chorale du Lycée du Parc à LYON avec participation de la foule ; il est ainsi prouvé qu’un millier de Français peuvent chanter en anglais, sans préparation immédiate. Tant pis ! Laissons se dérouler ce spiritual qui nous a donné le cantique "Seigneur, tu cherches tes enfants...". Puis va suivre le spiritual "My soul is a witness for my Lord". C’est l’histoire exemplaire des trois champions de l’Histoire Sainte : le champion de la longévité : Mathusalem qui vécut 969 ans ; le champion de la vigueur : Samson qui pourfendit près de mille Philistins ; et le troisième, le champion de la foi : Daniel.
Daniel priait son Seigneur, lorsque le roi le fit saisir et jeter dans la fosse aux lions ; Dieu envoya son ange pour garder les lions et, ainsi, le petit Daniel put se coucher et s’endormir. Daniel, Samson, Mathusalem ont été les témoins du Seigneur. Qui veut être le témoin du Seigneur ? Mon âme veut être le témoin du Seigneur !
Je rappelle que ces harmonisations qui ne sont écrites nulle part sont la création des choristes français eux-mêmes.